Terre en vue

Relier deux mondes qui ne se connaissent plus : d’un côté les jeunes citadins, de l’autre, celles et ceux qui produisent notre alimentation dans le respect de l’environnement : c’est le projet de l’association Terre en vue, fondée par Astrid Tarteret, citadine mais néanmoins fille d’agriculteurs et co-créatrice de FEVE (fermes en vie).

En janvier 2023, elle lance son projet pilote auprès d’élèves du collège Claude Monet d’Argenteuil (classé REP+). Les volontaires parmi les éco-délégués du collège sont sensibilisés aux enjeux de notre modèle agricole et alimentaire via des ateliers en classe et des demi-journées d’immersion dans des fermes. A leur tour, ils pourront partager leur expérience et les savoirs acquis.

À Zone Sensible (Saint-Denis), puis à la Bergerie de Villarceaux (95), deux modèles de fermes durables, les jeunes découvrent avec enthousiasme, la vie des sols, la permaculture, l’agroforesterie, peuvent caresser et nourrir des animaux. Pour Astrid, cette immersion offre une « autre forme de richesse » et, suscitera peut-être des vocations pour les métiers du vivant.

Les élèves visitent Zone Sensible à Saint Denis. Sur l’ancienne Plaine des Vertus, la dernière ferme maraîchère du 19e siècle encore en activité aux portes de Paris a été reprise par le Parti Poétique et les Fermes de Gally en 2018. Zone Sensible est un projet qui allie « nature, culture et nourriture ». Des artistes en résidence investissent le lieu. Plus de 200 espèces végétales sont cultivées sur 1 ha en permaculture. Les légumes produits sont destinés à des distributions solidaires.

Une étude américaine montre qu’un enfant est capable de reconnaître à peu près 1000 logos de marque mais qu’il aurait du mal à faire la différence entre deux feuilles d’arbre… Astrid Tarteret, fondatrice de l’association Terre en Vue propose le test à ses élèves. Ses résultats concluent aussi à une déconnexion au vivant.
Elle les sensibilise ensuite aux enjeux de l’alimentation par le jeu. « Saviez -vous que de sa production à sa consommation, un pot de yaourt parcourt en moyenne 10 000 km ? »

Franck Ponthier, chef maraîcher de Zone Sensible anime la visite. «  Jusqu’en 1950, la capitale était approvisionnée pour l’essentiel par un hinterland nourricier. Aujourd’hui à Paris, plus de 95 % de la production alimentaire est importée. »

Les jeunes découvrent la vie des sols et apprennent que les vers de terre et les cloportes sont indispensables à la décomposition des matières organiques. Ils participent à un atelier de semis. Chacun appréhende la terre à sa manière : les uns plongent avec joie leurs mains dedans tandis que d’autres préfèrent porter des gants.

Zone Sensible, à travers les 3 axes de nature, culture et nourriture, a pour but de sensibiliser les visiteurs à l’art, au vivant, à la préservation de l’environnement et à une alimentation saine et durable. C’est un lieu de partage de connaissances et de formation qui propose régulièrement des interactions avec le public.

La Bergerie de Villarceaux dans le Vexin (95) est engagée depuis 1995 dans une transition agro-écologique. Olivier Ranke, ingénieur agronome et exploitant explique aux élèves l’importance de la diversité dans les prairies. Elle enrichit les sols et nourrit les vaches qui produiront le fumier qui a son tour viendra amender les terres.

Les vaches Salers et les moutons font partie de ce système de polyculture-élevage mis en place par Olivier.

Olivier est aussi boulanger. A la question « que peut-on faire avec du blé ? », un élève répond « des miels pops ! ».

La visite se poursuit dans les zones de maraîchage. Les élèves apprennent qu’il existe différentes familles de légumes :  » les courges et courgettes font partie des Cucurbitacées, le cresson des Brassicacées « .

L’espace d’une matinée, les élèves se transforment en reporter pour participer au « concours « je filme le métier qui me plaît ». Ils interrogent les agriculteurs sur ce qui les motive dans leur métier, leur rapport au travail, leur rythme, les compétences nécessaires…
Peut-être que ces rencontres seront fondatrices pour certains d’entre eux… Avec son projet, Astrid Tarteret a semé des graines, elle espère que certaines d’entre elles germeront …

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