Bergère sans terre

Thérèse, bergère sans terre

Un accent chaloupé, reste de sa Suisse natale, une carrure de guerrière, un optimisme et une ténacité à toute épreuve, telle apparaît Thérèse Kohler, « la bergère sans terre ». Arrivée en 2009 dans la Double avec cinq enfants sous le bras, il lui a fallu trouver rapidement un gagne-pain pour nourrir son monde et s’intégrer dans une région du Périgord réputée sauvage… Quelques années plus tard, voilà chose faite. Qui ne connaît pas, en Double, « Thérèse, la bergère sans terre » ?

paysage de la Double

En 2009, après avoir épaulé son mari pendant 20 ans à la ferme, elle divorce et quitte la région bordelaise pour s’installer dans la Double, terre de forêts et de marécages. A la ferme, elle sait tout faire mais ne se sent ni les capacités ni l’envie de prendre la tête d’une exploitation. Eprise de liberté, elle imagine un projet pastoral qui allie écologie et lien social : l’éco-pâturage.

troupeau de moutons

Elle forme un troupeau de 200 brebis basques, de race Sasi Ardi, choisies pour leur débrouillardise et leur indépendance. Munie de sa crosse et accompagnée de ses deux borders collie, Thérèse sillonne la région en quête de terres à entretenir. Rapidement, on fait appel à ses services : « les gens sont vite débordés par l’herbe ». Aujourd’hui, Thérèse a 300 brebis et vit de la vente des agneaux.

Thérèse et son troupeau

Son travail est basé sur l’échange : les brebis pâturent les terres mises à disposition par leurs propriétaires et contribuent ainsi à l’entretien du territoire. Ce partage est bénéfique aux animaux, aux hommes, à la nature.
Dans les prés, l’éco-pâturage fertilise les sols et améliore la qualité du foin. Dans les espaces publics, il permet d’éviter les nuisances sonores et l’utilisation de produits phytosanitaires.
Dans la forêt, grâce aux brebis, le milieu reste ouvert : elles créent des passages, des clairières.

moutons dans la forêt

En contrepartie, les brebis , toujours à l’air libre, sont en bonne santé. Plantain, luzerne, trèfle, baies, ronces, jeunes pousses… elles vont chercher d’instinct ce qui est bon pour elles. Depuis plusieurs années, la bergère remarque qu’elle n’a plus besoin de vermifuger le troupeau.

troupeau de moutons paissant

« Quand les brebis ont bien mangé, et qu’elles ne broutent plus que par plaisir », Thérèse se pause et ressent un « sentiment d’éternité ». Elle savoure le plaisir d’être en communion avec son troupeau et la nature. Elle mesure le privilège qu’elle a de pouvoir découvrir chaque recoin de la Double.
Thérèse est sans terre, mais elle est chez elle partout. Petit à petit, elle gagne son surnom et le respect des paysans. « Je suis devenue un personnage ici, un peu malgré moi ».

Montage des parcs

Bien sûr, le métier de bergère n’est pas uniquement calme et volupté… L’été, Thérèse se lève avant le soleil et débute sa journée à 5h30 pour éviter les fortes chaleurs. L’hiver, il faut supporter des températures au dessous de zéro. Elle doit avoir une bonne condition physique pour porter les filets et monter les parcs.

Pose des filets

Parfois, elle est fatiguée, et voudrait avoir du temps pour valoriser autrement son troupeau. Elle a d’autres projets : la commercialisation de Fertilaine, un fertilisant écologique à base de laine, et la relance d’une filière laine locale avec ses amis Catherine Raccoursier et Jean-Michel Blatter avec qui elle crée l’association au Fil de la Double.

Pierre-Paul Grondin et ses moutons

En 2018, elle s’associe avec Pierre-Paul Grondin. Ancien éducateur puis chauffeur poids lourd, il aspire à exercer des métiers utiles, mais aussi à avoir du temps libre. Issu d’une autre génération, le jeune berger optimise son temps en préparant ses transhumances sur Google Map.

Pierre-Paul Grondin et ses moutons de dos

Pour lui être berger, c’est « connaître le territoire, les gens, les petits vieux, offrir du spectacle et surtout avoir de la liberté. C’est valorisant, même si c’est un métier de pauvre. »

troupeau de brebis de dos sur le chemin

Le projet de Thérèse a trouvé un adepte. Mais la relève sera-t-elle là à l’heure de la retraite ? L’histoire ne le dit pas encore. Ce qu’elle retient, c’est qu’avec Thérèse et Pépé, un vent de liberté à soufflé sur la Double …

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